29.4.06

Le saviez-vous?

A une époque où l’on finira par croire que les Etats-Unis d’Amérique sont le seul pays au monde et où la mondialisation remplacera bientôt les particularités culturelles ; il est intéressant - et peut-être même rassurant - de constater qu’il existe de petits pays qui vivent et se développent sans se préoccuper de la reconnaissance de la dénommée communauté internationale et sans avoir besoin d’aucune relation diplomatique.
Ignorés de tous et notamment de vous, cela ne les empêche pas d’exister. Rien que pour l’Europe il est déjà possible de citer : la République du Nagorno-Karabagh, Etat arménien dans le Caucase ; l’Abkhazie sur le bord de la Mer Noire ; l’Ossétie du Sud ; l’Adjarie désormais occupée par l’armée géorgienne ; et la République des Moines du Mont Athos et relativement plus proches mais encore moins connus : la Principauté de Seborga et la République de Transnistrie.
Tous ces territoires ont, la majorité, des caractéristiques d’un Etat moderne même s’ils n’en ont pas la reconnaissance.
Par exemple : un drapeau, des frontières précises, une monnaie nationale un gouvernement et un parlement, des timbres, une armée et une économie viable.
Nous allons choisir deux exemples très différents : Seborga et la Transnistrie.

La principauté de Seborga, enclavée dans l’Italie, est située au pied des monts de la Ligurie occidentale. Sa capitale est Seborga et son territoire actuel couvre 14 km2. Ce pays abrite 2000 résidents dont 362 citoyens seborgais, descendants des Templiers européens du Moyen-Âge regroupés autour de 17 familles. Le 20 août - jour de la St Bernard - les Seborgais célèbrent leur fête nationale. Pour arriver à Seborga il faut emprunter l’autoroute A10 Nice-Gênes et prendre la sortie Bordighera et suivre les panneaux fléchés.
La fondation de Seborga date d’avant 954, c’était une principauté épiscopale comme il y avait, en Belgique, la principauté de Liège. Avant il n’y avait pas de « définition » de l’Italie ; et lors de l’acte d’unification de l’Italie en 1861 aucune mention n’est faite de Seborga. De même en 1946, la principauté de Seborga n’a jamais été considérée comme faisant partie de la République italienne. Un historien allemand a retrouvé récemment à Berlin un document officiel de 1934 dans lequel Mussolini reconnaissait que Seborga n’appartenait pas à l’Italie. Les relations entre l’Italie et Seborga sont très capricieuses. L’Italie ne veut pas perdre la face et ne reconnaît pas Seborga mais la laisse exercer sont autorité interne. Seborga affecte d’ignorer l’Italie mais ne rate aucune occasion de manifester son indépendantisme. Lorsque l’Italie assigne en justice Seborga (souvent pour des questions de taxes) les dossiers de Seborga sont tellement bien préparés que les procès sont régulièrement reportés.
Seborga est un trésor de souvenirs. Juste sur les hauteurs cette principauté bénéficie de vues panoramiques exceptionnelles, des plages de Monaco jusqu'à St-Tropez en passant par Nice. Seborga a un tourisme évolué, près de la nature et de l’écologie, bénéficiant d’un climat exceptionnellement doux. Grâce à la situation de la principauté il est possible de pratiquer la plage et le ski dans la même journée. Au bas du village de Grimaldi se situent les caves de Bazi Rossi, l’Homo Erectus y a cherché refuge il y a plus de 200 000 ans.
Depuis le 11e siècle, les Seborgais élisent leur prince de la manière la plus régulière. Le dernier prince à perpétuer cette tradition ancestrale est Giorgio 1er élu en 1963 par un vote populaire et unanime, sur 308 votants seulement 4 contre. Les historiens britanniques considèrent Seborga comme la première monarchie constitutionnelle du monde. Notons aussi qu’il y a dans la principauté des ministres, un conseil municipal et le maire de la capitale qui sont élus démocratiquement, car il y a deux partis politiques. L’armée est réduite au strict minimum pour assurer la garde princière. Le prince connaît tous les citoyens et fait ces achats dans de petits magasins.
Les Seborgais assurent leur niveau de vie en cultivant et exportant des fleurs et des feuillages - surtout du mimosa, de l’eucalyptus et du genêt ornemental - dans le monde entier. L’huile d’olive est la principale industrie de la région. Une des tâches entreprises par Giorgio 1er fut d’imprimer des timbres et de frapper des pièces de collection. Les voitures de Seborga utilisent les plaques d’immatriculation principautaires qui suffisent si elles ne quittent pas le territoire. Les autorités italiennes ne les reconnaissant pas, les voitures seborgaises arborent deux plaques : la leur et une italienne.
La monnaie de Seborga est le Luigino. Frappée pour la 1e fois en 1666 le Luigino valait alors un quart du Louis français. Actuellement la parité est fixée : 1 Luigino = 6$US. Les pièces sont frappées en divers métaux dont l’argent. Cette monnaie est utilisable partout à Seborga. Mais la principauté accepte aussi les dollars, l’Euro et le pound.
La principauté de Seborga démontre donc que même avec seulement 2000 résidents et aucun appui politique on peut mener une vie agréable et paisible dans un charmant coin d’Europe.



Après la paisible Principauté des mimosas, pour le second exemple nous allons voyager un peu plus loin en Europe vers un endroit où il y eu encore récemment des guerres, donc des morts. La situation y est plus facile à comprendre historiquement que Seborga, mais elle est plus tragique. Il s’agit de la Transnistrie.
Officiellement, c’est à dire pour l’ONU, la Transnistrie n’est qu’une région de la Moldova ; mais pour les premiers concernés c’est à dire pour les 750000 Transnistriens, c’est leur Etat et il est indépendant.
Quand on évoque la Moldavie et la Transnistrie il y a toujours un certain nombre d’hurluberlus qui rigolent en citant la Syldavie et la Bordurie des aventures de Tintin. La différence est que nous sommes pourtant dans la réalité. Ironiser sur des frontières récentes dans cette région du monde, c’est oublié que Nice n’est Français que depuis 1860 ;que la province du Luxembourg ne devint Belge que 2 ans après le reste du pays ; que la Norvège n’existe que depuis 1905 ; et que l’Irlande n’est toujours pas réunifié. Pensez aussi aux nombres de frontières européennes changées après les deux guerres mondiales.
Ceci étant dit, quel est le fond du problème ?
Cette région, c’est à dire la Moldavie et la Transnistrie ont en permanence étaient ballottés en fonction des pays voisins à travers les âges : Autriche-Hongrie, Russie puis URSS, et la Roumanie.
La République de Moldova actuelle a hérité des frontières d’une ancienne République de l’Union Soviétique. Malheureusement Staline amputa cette région au profit de l’Ukraine ce qui explique qu’il n’y a pas d’accès à la mer.
En juin 1990, le parlement Moldave vote l’indépendance en instaurant une Constitution unique et adoptant le Roumain (alphabet latin) comme seule langue officielle. Cette 1ére politique d’une indépendance toute nouvelle allez entraîner des répercussions catastrophiques. En effet les particularités des populations non-roumaines ainsi que la situation spécifique de la Transnistrie allait passer aux oubliettes. Plus grave, il y avait à l’époque une forte tendance en Roumanie à ne former qu’un seul état avec la Moldavie. Au moins un parti moldave publiait des cartes de la « Grande Roumanie », qui incluait l’ensemble de la Moldavie y compris la Transnistrie.
Ici il est nécessaire de situer la Transnistrie. Comme le nom l’indique c’est les territoires situés au-delà du Dniestr ou Nistru.
Les slaves sont majoritaires en Transnistrie, soit près de 60% composés d’Ukrainiens, de Russes et de Bulgare. Le reste est formé en grande partie de Moldaves qui utilisent la langue Roumaine avec l’alphabet cyrillique (Moldave).
C’est l’esprit cosaque qui souffle au-delà du Dniestr. Mais le mode de vie est aussi très différent. La Moldavie est un pays agricole, la Transnistrie est fortement industrialisée. La vraie raison est tout simplement que les terres en avant du Nistru sont exceptionnellement fertiles.
La peur de voir la Moldavie annexée par la Roumanie était encore plus forte sur la Transnistrie. Quelques chiffres vous feront comprendre la situation. 750 000 Transnistriens et 4 500 000 habitants pour l’ensemble de la Moldova ce qui signifie 17% de Transnistriens. Si la Roumanie et la Moldova ne faisaient plus qu’un seul état, les Transnistriens, évidemment majoritaires sur leur propre territoire, ne formeraient plus que 2,5%.
En Décembre 91, par un référendum, la population de Transnistrie se prononça pour l’indépendance totale.
Dés 92, la guerre éclata. Une vraie guerre, pas une guerre d’opérette. D’un côté les forces représentant l’Etat Moldave et de l’autre la toute jeune armée transnistrienne appuyée par des régiments cosaques et par l’ancienne 14éme armée soviétique stationnée en permanence sur le territoire.
En automne 92 un accord fut signé, qui en réalité ne faisait que constater le statu quo. Point important, la Moldavie s’engageait à ne pas se rattacher à la Roumanie où dans ce cas accorder immédiatement l’indépendance à la Transnistrie.
En mars 95, nouveau référendum : 81% des Transnistriens sont pour l’indépendance totale. Il ne faut pas calculer longtemps pour se rendre compte que de nombreux roumanophones sont favorables à l’indépendance.
En février 98, le parlement russe refusa de ratifier l’accord de 92 à la demande des Transnistriens, vu le danger de voir l’OTAN s’intéresser à la Moldova de beaucoup trop près comme il l'avait déjà fait pour la Roumanie.
Maintenant voyons la situation telle qu’elle est. Même si elle n’est pas reconnue, la Transnistrie forme une République indépendante. Quelques exemples : elle a sa capitale : Tiraspol, son drapeau, sa constitution, son gouvernement, son parlement, ses élections démocratiques, son président, son hymne national, sa monnaie et son armée nationale (qui s’ajoute à l’ancienne 14éme armée russe ne dépendant plus de Moscou et des régiments cosaques).
L’enseignement se fait en russe, en moldave et en ukrainien. Les langues étrangères enseignées sont généralement l’anglais, le français et l’allemand.
Rappelons que la population en Transnistrie est approximativement le double de Malte, plus que le Luxembourg et bien plus que certains petits pays reconnus par l’ONU qui ont exactement 10 000 habitants. Au total 36 pays reconnus de L’ONU ont moins d’habitants que la Transnistrie.
Présidée par Igor Smirnov, la Transnistrie existe, se développe, commerce avec l’extérieur, en se désintéressant totalement de la communauté internationale.

Article composé par RD.

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

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